La Gazette du Canada, Partie I, volume 153, numéro 11 : Liste des marchandises de courtage contrôlé
Le 16 mars 2019
Fondement législatif
Loi sur les licences d’exportation et d’importation
Ministère responsable
Ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement
RÉSUMÉ DE L’ÉTUDE D’IMPACT DE LA RÉGLEMENTATION
(Le présent résumé ne fait pas partie des règlements.)
Enjeux
Le gouvernement du Canada souhaite adhérer au Traité sur le commerce des armes (TCA ou le Traité).
Le TCA a pour origine les préoccupations de plus en plus grandes, à l’échelle internationale, concernant les conséquences directes et indirectes du commerce irresponsable des armes. Ces conséquences comprennent l’augmentation des conflits et de l’instabilité, les atteintes aux droits de la personne et les répercussions sur le développement socioéconomique, ce qui va à l’encontre des objectifs de politique étrangère du Canada. Le TCA est entré en vigueur en décembre 2014. En décembre 2018, le TCA comptait 100 États Parties.
Le TCA établit des normes relatives au commerce international d’une vaste gamme d’armes classiques dans le but de veiller à ce que les États disposent d’un système national efficace pour assurer l’examen et le contrôle du commerce des armes; il offre donc au Canada l’occasion de renforcer davantage son régime de contrôle à l’exportation. Le paragraphe 2(1) définit les systèmes complets d’armes classiques sur lesquels le TCA exige la production de rapports : chars de combat; véhicules de combat blindés; systèmes d’artillerie de gros calibre; avions de combat; hélicoptères d’attaque; navires de guerre; missiles et lanceurs de missiles; armes légères et de petit calibre. Selon l’article 10 du TCA, chaque État Partie doit prendre des mesures pour réglementer les activités de courtage relevant de sa compétence à l’égard des systèmes complets d’armes classiques tombant sous le coup du paragraphe 2(1) du Traité.
Le 13 décembre 2018, la Loi modifiant la Loi sur les licences d’exportation et d’importation et le Code criminel (modifications permettant l’adhésion au Traité sur le commerce des armes et autres modifications) [la Loi] a reçu la sanction royale. Cette loi a non seulement modifié la Loi sur les licences d’exportation et d’importation (LLEI) pour établir des mesures de contrôle des activités de courtage au Canada, mais elle a également créé pour le ministre des Affaires étrangères l’obligation légale de tenir compte de certains critères d’évaluation, comme les violations des droits de la personne ou le terrorisme, avant d’autoriser les licences d’exportation et de courtage. S’il devait subsister un risque sérieux de conséquences négatives après l’examen de toutes les mesures d’atténuation, le ministre serait tenu de refuser la licence.
Le Canada doit maintenant élaborer des règlements pour assurer la pleine conformité avec le TCA.
Objectif
L’objectif final de cet ensemble de règlements proposés est de permettre au Canada d’adhérer au TCA en toute conformité vérifiable.
Description
Les règlements suivants sont proposés :
Courtage
- 1. La Liste des marchandises de courtage contrôlé consisterait en une liste des marchandises et des technologies décrites dans le TCA et tirées de la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée, qui seraient contrôlées aux fins de la réglementation des activités de courtage dans le commerce international des armes. La Liste des marchandises de courtage contrôlé proposée viserait toutes les marchandises et technologies militaires figurant dans le groupe 2 de la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée, y compris les articles du TCA qui seraient reproduits dans un groupe 9 distinct (voir ci-dessous pour plus de renseignements sur le groupe 9). En outre, tout autre article de la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée, y compris les articles à double usage, qui serait probablement utilisé comme une arme de destruction massive figurerait également sur la Liste des marchandises de courtage contrôlé proposée.
- 2. Le Règlement sur les licences de courtage établirait qu’une personne ou une organisation doit demander une licence de courtage individuelle pour chacune des marchandises faisant l’objet d’un courtage, et ce, au moyen d’un formulaire fourni par le ministre des Affaires étrangères. Ce formulaire devrait être signé par le demandeur et devrait contenir certains renseignements de base, comme des coordonnées de base sur le courtier et les parties à la transaction, ainsi qu’une description des articles faisant l’objet du courtage et l’utilisation finale proposée de ces articles. Les licences individuelles seraient évaluées au cas par cas par la Direction des opérations des contrôles à l’exportation.
- 3. Le Règlement précisant les activités ne constituant pas du courtage dresserait la liste des activités qui ne seraient pas considérées comme du courtage, par exemple les transferts entre les sociétés affiliées d’une société (c’est-à-dire lorsqu’il n’y a pas de transfert de propriété des marchandises) et les transactions de Canadiens qui travaillent à l’étranger et à qui leur employeur non canadien demande de faire du courtage. Ce règlement comprend une restriction selon laquelle il ne s’applique pas aux articles du TCA.
Rapports améliorés sur les exportations d’articles visés par le TCA vers les États-Unis
- 4. Le Décret modifiant la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée (Traité sur le commerce des armes) modifierait la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée afin de créer dans son annexe un nouveau groupe (groupe 9) où figureraient, dans un groupe distinct et identifiable, les huit catégories de systèmes complets d’armes classiques visés par le TCA référence 1. Il modifierait également la section 2 de la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée afin d’exiger des permis pour l’exportation de tous les articles du nouveau groupe 9 vers les États-Unis.
Élaboration de règlements
Approche du Canada
Afin d’élaborer sa réglementation permettant l’adhésion au TCA, le Canada s’est constamment tourné vers l’étranger pour élaborer son approche. Affaires mondiales Canada a mené une analyse comparative approfondie afin de tirer les leçons des expériences de pays partageant les mêmes vues et de veiller à ce que les mesures de contrôles et les méthodes de production de rapports utilisées par le Canada soient efficaces, tout en allégeant le fardeau des entreprises canadiennes. Cette recherche a éclairé et aidé à affiner cet ensemble de règlements proposés. Si ces règlements étaient adoptés, Affaires mondiales Canada continuerait de s’intéresser au contexte international pour faire en sorte que les mesures de contrôle des marchandises de courtage du Canada et les méthodes de production de rapports demeurent efficaces et efficientes au fil du temps et restent conformes à celles des pays partageant les mêmes vues.
Consultations
Affaires mondiales Canada a consulté de manière proactive les intervenants que cette proposition intéresse. Pour simplifier, il y a trois principaux groupes d’intervenants : les industries canadiennes de la défense, de la sécurité et de l’aérospatiale; les organisations de la société civile canadienne, y compris des universitaires, travaillant dans les domaines du commerce mondial des armes, des droits de la personne et de la prévention et de l’atténuation des conflits; les propriétaires et les utilisateurs canadiens d’armes à feu. Ces groupes ont été consultés lors de la récente consultation en ligne intitulée « Renforcement proposé du régime de contrôle des exportations d’Affaires mondiales Canada », qui a été menée du 13 décembre 2018 au 31 janvier 2019. Outre cette consultation en ligne, Affaires mondiales Canada a rencontré des représentants des groupes mentionnés ci-dessus lors d’une série de réunions, d’ateliers, de webinaires et de tables rondes organisés dans tout le pays du 13 décembre 2018 au 11 février 2019. En plus de ces consultations récentes, ces groupes d’intervenants ont été activement consultés au cours du processus parlementaire au sujet des modifications apportées à la Loi sur les licences d’exportation et d’importation et lors de la négociation du TCA.
Les industries canadiennes de la défense, de la sécurité et de l’aérospatiale comprennent des entreprises qui fabriquent ou exportent des marchandises et des technologies à usage militaire ou à double usage (c’est-à-dire des marchandises à usage civil et militaire), ou qui en font le courtage. Elles comprennent également les entreprises qui fournissent des services techniques et après-vente connexes. L’État de l’industrie canadienne de la défense 2018, publié conjointement par Innovation, Sciences et Développement économique Canada et l’Association des industries canadiennes de défense et de sécurité, indique que « l’industrie de la défense a contribué pour près de 6,2 milliards de dollars au PIB et 60 000 emplois à l’économie canadienne » en 2016. Des représentants de l’industrie, comme l’Association des industries canadiennes de défense et de sécurité, ont publiquement et à de nombreuses reprises appuyé l’adhésion du Canada au TCA, se prononçant en faveur d’une mise en œuvre du TCA qui n’alourdit pas indûment le fardeau réglementaire et administratif que doivent supporter les fabricants. Les représentants de l’industrie se sont félicités du fait que le TCA établira des règles communes pour les exportateurs de tous les États Parties, encourageant ainsi des règles du jeu équitables pour les fabricants d’armes sur la scène mondiale. Au cours de l’examen de la loi par le Parlement et lors des récentes consultations publiques, l’industrie a exprimé son point de vue sur la portée et les effets imprévus possibles des mesures de contrôle imposées sur les activités de courtage. Ses représentants ont également posé des questions sur le moment où des actions deviennent des activités de courtage, entraînant ainsi l’obligation d’obtenir une autorisation. L’industrie n’a pas fait part de préoccupations concernant les coûts des mesures de contrôle des activités de courtage, mais elle a demandé que les nouvelles mesures de contrôle soient harmonisées avec celles qui ont été mises en place par les alliés du Canada.
Les représentants des organisations de la société civile canadienne dont le travail est axé sur le commerce mondial des armes, les droits de la personne, et la prévention et l’atténuation des conflits, ont généralement bien accueilli le désir du Canada d’adhérer au TCA. Au cours du débat sur les modifications apportées à la Loi sur les licences d’exportation et d’importation, ils ont exhorté le gouvernement du Canada à évaluer avec plus de rigueur les exportations internationales d’armes du Canada et à réglementer plus largement et plus profondément tous les aspects du commerce des armes. Au cours du processus législatif, ils ont exprimé leurs préoccupations concernant la pratique actuelle qui consiste à ne pas exiger de licence pour l’exportation aux États-Unis d’articles visés par le TCA. Au cours de l’examen parlementaire de la loi et lors des dernières consultations, ils ont demandé au gouvernement d’accroître sa transparence en faisant rapport sur ces exportations avec au moins la même rigueur que pour les exportations vers toutes les autres destinations. Leur autre grande préoccupation concernait l’application des critères d’évaluation relatifs au TCA et du critère du risque prépondérant, qui devait initialement être établi dans le cadre d’un règlement. Cette préoccupation a été examinée et, pour y répondre, on a décidé de placer ces articles visés par le TCA dans les mesures législatives plutôt que dans le règlement. En outre, les représentants de la société civile ont exprimé leur appui pour les mesures de contrôle des activités de courtage proposées par le Canada dans le cadre de la mise en œuvre des mesures répondant aux exigences du TCA. Ils ont également souligné l’importance que les mesures de contrôle des activités de courtage proposées soient aussi rigoureuses que les contrôles à l’exportation.
Des groupes de propriétaires canadiens d’armes à feu ont exprimé leur crainte que le TCA puisse servir à rétablir un registre des armes à feu et que les exigences en matière de production de rapports du TCA puissent inclure des renseignements sur les propriétaires individuels d’armes à feu, ce qui mènerait de facto à un registre des armes à feu. Des fonctionnaires ont tenté de préciser que ni le TCA ni sa mise en œuvre au Canada n’entraîneraient de tels changements.
Obligations découlant des traités modernes et mobilisation et consultation des Autochtones
La proposition n’aura pas d’incidence sur les obligations découlant des traités modernes envisagées.
Choix de l’instrument
L’objectif de cet ensemble de mesures est de faire en sorte que le Canada se conforme pleinement et de façon démontrable au TCA avant d’y adhérer.
Aux termes de l’article 10 du TCA, le Canada doit réglementer le courtage des systèmes complets d’armes classiques définies à l’article 2(1) du TCA. En tant que tel, il n’existe pas d’autres instruments pouvant être utilisés pour créer le cadre de contrôle des activités de courtage en conformité avec l’article 10 du TCA. La ministre des Affaires étrangères propose également de faire de la Licence générale de courtage no 1 un règlement ministériel qui offrirait aux courtiers l’accès à une licence simplifiée pour des transactions de courtage vers des destinations à faible risque. Ce règlement ministériel, discuté dans son propre résumé de l’étude d’impact de la réglementation, devrait être considéré comme faisant partie du vaste ensemble de mesures qui préparent le Canada à adhérer au TCA.
Aux termes de l’article 13 du TCA, le Canada doit faire rapport sur ses exportations de systèmes complets d’armes classiques définies à l’article 2(1) du TCA. Une modification à la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée en vue d’ajouter ces systèmes complets d’armes classiques à titre d’articles contrôlés, y compris ceux expédiés aux États-Unis, est le seul mécanisme qui permette la saisie de données précises sur les exportations de ces biens militaires.
Toutefois, la circulation sans licence réciproque de la plupart des articles militaires entre le Canada et les États-Unis est en vigueur depuis la Seconde Guerre mondiale, en exécution de divers arrangements conclus entre les deux gouvernements. Une série d’échanges de notes entre le Canada et les États-Unis d’Amérique qui résultent de l’accord de Hyde Park conclu en 1941 fait référence au besoin et aux principes généraux nécessaires à une intégration accrue en matière d’économie et de défense. L’un de ces échanges de notes daté du 26 octobre 1950 indique que l’« on devra autant que possible supprimer les barrières qui entravent le mouvement entre le Canada et les États-Unis des marchandises nécessaires à l’effort de défense commune ». Les modifications réglementaires combinées proposées à la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée et la création de la nouvelle Licence générale d’exportation no 47 ne sont pas destinées à modifier cette circulation sans licence existante et de longue date de ces biens militaires. Le Canada continue de bénéficier de ses relations étroites en matière de défense et de sécurité avec les États-Unis et continue d’avoir confiance dans la nature très rigoureuse du système de contrôle des exportations des États-Unis.
Le gouvernement estime donc que le Canada a encore tout intérêt à s’assurer d’avoir un processus accéléré pour la circulation de biens militaires entre le Canada et les États-Unis. Donc, parallèlement aux modifications proposées à la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée qui exigeraient des licences pour l’exportation de tous les articles du groupe 9 vers les États-Unis, la ministre des Affaires extérieures propose la création d’une licence générale d’exportation (la Licence générale d’exportation no 47 proposée, discutée dans son propre résumé de l’étude d’impact de la réglementation). Cette licence générale autoriserait les entreprises canadiennes et les résidents canadiens qui ont l’intention d’exporter la majorité des biens qui feront partie du groupe 9 proposé de la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée de le faire sans demander de licence individuelle s’ils informent à l’avance Affaires mondiales Canada de leur intention d’exporter ces articles dans une année civile et font des rapports semestriels de leurs exportations par la suite.
Analyse de la réglementation
Avantages et coûts
Avantages
Cette proposition permettrait au Canada d’être en mesure d’adhérer au TCA. Elle comporte également d’autres avantages liés au TCA. S’ils sont adoptés, ces règlements augmenteraient la rigueur du régime de contrôle des exportations du Canada en régissant le courtage dans le commerce international des armes d’une façon qui réduit autant que possible le fardeau imposé aux entreprises canadiennes et au gouvernement. Cette proposition permettrait également au Canada de faire rapport de ses transferts internationaux d’armes visés par le TCA, y compris les exportations aux États-Unis.
Cet ensemble de règlements proposés comporterait également des avantages qui vont au-delà de l’adhésion du Canada au TCA. Si elle est adoptée, cette proposition ferait ressortir le leadership du Canada en faisant preuve d’une transparence totale quant aux exportations de biens militaires et en donnant l’exemple à d’autres États. Cette proposition contribuerait aussi à l’adoption grandissante d’une norme internationale essentielle sur le commerce responsable des armes et la coopération internationale efficace à cet égard. Enfin, ces règlements proposés démontreraient la norme plus stricte à laquelle le Canada adhérera, montrant ainsi que le Canada est une destination plus sécuritaire en ce qui concerne l’importation de marchandises et de technologies de nature délicate.
Coûts pour le gouvernement
Pour le gouvernement, le coût de gestion du nouveau régime de courtage serait d’environ 640 000 $ par année pour engager trois nouveaux employés en vue d’appuyer la mise en œuvre d’un régime de contrôle de courtage des armes au Canada, d’examiner les demandes de licences de courtage, d’exécuter des tâches politiques et réglementaires et de fournir des renseignements aux entreprises. Certains de ces coûts seraient attribués à l’apport de modifications mineures en vue d’adapter le système de TI d’Affaires mondiales Canada pour délivrer des licences de courtage. Il n’y a aucun coût pour le gouvernement issu de la modification à la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée.
Coûts pour l’industrie
Courtage
Toute personne ou organisation au Canada ou tout citoyen canadien, résident permanent ou toute organisation constituée en personne morale, formée ou autrement organisée en vertu des lois du Canada ou d’une province, qui exerce des activités hors du Canada et désire mener des activités de courtage peut le faire actuellement sans présenter de demande de licence. Puisque ces personnes ou ces organisations n’ont pas l’obligation de demander des licences de courtage maintenant, les règlements de courtage proposés imposeraient des coûts différentiels aux entreprises. Un examen détaillé de chaque règlement proposé souligne les coûts que chacun impose ou réduit :
- Liste des marchandises de courtage contrôlé : Selon les modifications que la Loi apporte à la Loi sur les licences d’exportation et d’importation, ce règlement établit une liste des articles pour lesquels les entreprises devraient présenter une demande de licence de courtage. Les organisations et les personnes qui pourraient vouloir mener des activités de courtage d’articles militaires ou d’autres articles de la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée, y compris les articles à double usage, probablement utilisés comme des armes de destruction massive devraient déterminer si les articles pour lesquels elles cherchent à mener des activités de courtage d’un pays tiers à un autre pays tiers figurent sur la Liste des marchandises de courtage contrôlé proposée. Le cas échéant, elles devraient demander une licence de courtage. Les coûts qui seraient imposés par ce règlement sont surtout de nature administrative (c’est-à-dire vérifier sur la Liste des marchandises de courtage contrôlé si une licence de courtage est nécessaire pour la transaction donnée).
- Règlement sur les licences de courtage : Les organisations et les personnes qui désirent faire le commerce de marchandises qui figurent sur la Liste des marchandises de courtage contrôlé seraient obligées de demander une licence. Les coûts qui seraient imposés par ce règlement sont surtout de nature administrative (c’est-à-dire communiquer des renseignements et demander une licence de courtage individuelle). Certains coûts seraient sous forme de temps, c’est-à-dire attendre qu’Affaires mondiales Canada traite la demande de licence, l’incertitude liée à la durée d’évaluation de la licence et le risque que la licence soit refusée. Aucuns frais ne seraient exigés pour la demande ou la délivrance de la licence.
- Règlement précisant les activités ne constituant pas du courtage : Ce règlement proposé contient une liste des activités qui peuvent sembler être liées au courtage, mais qui sont exclues de la définition de courtage fournie dans la Loi sur les licences d’exportation et d’importation. Les organisations ou les personnes qui exercent ces activités ne seraient pas tenues de demander une licence de courtage. Ce règlement réduirait les coûts imposés par le Règlement sur les licences de courtage proposé et permettrait au gouvernement du Canada de se concentrer sur les activités réelles de courtage d’armes au lieu des activités accessoires.
Les coûts globaux pour l’industrie du régime de courtage proposé devraient être faibles. Selon les consultations et les comparaisons avec l’expérience de partenaires dont les régimes de courtage sont semblables à ce qui est proposé pour le Canada (par exemple l’Union européenne et l’Australie), on prévoit que 15 entreprises seraient probablement touchées par les règlements de courtage et que chacune présenterait en moyenne deux demandes de licence par année. La Licence générale de courtage no 1 ministérielle susmentionnée offrirait aux courtiers une licence simplifiée qui pourrait être accessible publiquement et être utilisée sans devoir présenter de demande individuelle, pourvu que les courtiers exercent des activités de courtage vers des pays admissibles et respectent les conditions de cette licence générale. Cette licence simplifiée devrait réduire d’environ 50 % le besoin de demandes de licences individuelles. Autrement dit, sans la Licence générale de courtage no 1, les entreprises qui mènent des activités de courtage devraient autrement présenter en moyenne quatre demandes de licence par année. Pour en savoir plus, veuillez consulter le résumé de l’étude d’impact de la réglementation distinct de la Licence générale de courtage no 1.
En outre, les entreprises qui exportent des biens militaires sont susceptibles d’être aussi celles qui en font déjà le courtage dans l’environnement actuel non réglementé. Par conséquent, elles disposent déjà de la structure de personnel appropriée (comme des spécialistes de la conformité commerciale) pour mettre en application le contrôle des activités de courtage et l’information nécessaire à la délivrance des licences de courtage (par exemple les renseignements personnels sur le courtier ainsi que sur les parties concernées par la transaction, de même que des détails sur les articles devant faire l’objet des activités de courtage et l’information liée à l’utilisation finale) n’exigerait pas d’effort supplémentaire à produire. Enfin, les règlements sur le courtage proposés sont conçus de façon à ressembler au régime de contrôle à l’exportation; comme ce dernier est bien connu des exportateurs, les coûts supplémentaires pour l’industrie seront réduits. Par exemple, le même système de TI (connu sous le nom de CEED) serait utilisé ainsi que les références aux documents existants du gouvernement du Canada que les exportateurs d’armes connaissent bien (comme les groupes d’articles faisant partie de la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée ou le Manuel des contrôles à l’exportation).
Modification à la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée
Le Canada contrôle actuellement tous les articles visés par le TCA inscrits pour l’exportation vers toutes les destinations autres que les États-Unis. Les contrôles de l’exportation des articles visés par le TCA à destination des États-Unis se limitent actuellement à des articles comme les armes à feu prohibées et certains missiles. Bien que tous les articles visés par le TCA sont saisis dans différentes parties du groupe 2 de la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée, afin de saisir tous les articles visés par le TCA dans un groupe distinct et identifiable, un nouveau groupe 9 (Traité sur le commerce des armes) de la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée est proposé. Les articles visés par le TCA seraient donc saisis dans le groupe 2 et le groupe 9. Les coûts différentiels pour les entreprises du Décret modifiant la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée (Traité sur le commerce des armes) proposé s’appliqueraient aux licences individuelles pour l’exportation d’articles visés par le TCA (qui exigent l’établissement de rapports aux termes de l’article 13 du TCA) aux États-Unis qui n’exigent pas déjà de licences à l’exportation individuelles (armes à feu prohibées, armes prohibées, dispositifs prohibés et articles de la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée 2-4.a., y compris les bombes, les torpilles et les missiles). Ces coûts seraient essentiellement neutralisés par la Licence générale d’exportation no 47 (voir « Choix de l’instrument ») proposée susmentionnée. Les lecteurs peuvent consulter le résumé de l’étude d’impact de la réglementation de la Licence générale d’exportation no 47 pour en savoir plus sur les coûts associés à cette mesure.
Puisque les articles visés par le TCA seraient contrôlés par le groupe 2 et le groupe 9 de la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée, les exportateurs d’articles visés par le TCA vers des destinations autres que les États-Unis seraient incités à autoévaluer également les marchandises qu’ils ont l’intention d’exporter en fonction du nouveau groupe 9 au moment de remplir leur demande de licence individuelle, conformément à la pratique actuelle. Quelque 25 entreprises demandent des licences à l’exportation d’articles visés par le TCA vers des destinations autres que les États-Unis. Affaires mondiales Canada conseillerait ces entreprises et collaborerait avec elles pour s’assurer qu’elles comprennent ce changement mineur qui ne devrait pas entraîner de coûts différentiels (aucun ajout de champ ou de case à la demande de licence à l’exportation).
Lentille des petites entreprises
Les petites entreprises représentent une part modeste du volume des transactions des industries de la défense, de la sécurité et de l’aérospatiale. Selon les données de 2016 de Statistique Canada, on dénombrait 529 petites entreprises dans le secteur de la défense et de la sécurité (sur un total de 664 entreprises). Toujours selon ces mêmes données, en 2016, ces petites entreprises représentaient 13,2 % des ventes dans l’industrie de la défense, 17,3 % du nombre d’emplois, 15,2 % de la recherche et du développement et 8,2 % des exportations.
La communauté des courtiers en armement semble être un petit sous-segment de l’industrie de la défense et de la sécurité, et un très petit sous-segment des petites et moyennes entreprises. C’est pourquoi les répercussions des contrôles des activités de courtage sur les petites entreprises seront vraisemblablement négligeables et n’entraîneront pas des coûts considérables ni disproportionnés pour ces dernières.
Les petites entreprises ne fabriquent généralement pas les articles visés par le projet de Décret modifiant la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée (Traité sur le commerce des armes). Les données les plus récentes indiquent que seulement sept entreprises ont exporté des marchandises visées par le TCA vers des destinations autres que les États-Unis, et qu’aucune de ces entreprises n’est considérée comme une petite entreprise. Par ailleurs, environ 20 petites entreprises exportent des armes à feu à destination des États-Unis. Les coûts supplémentaires découlant du projet de Décret modifiant la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée (Traité sur le commerce des armes) seraient atténués par le règlement ministériel proposé, Licence générale d’exportation no 47 (tel qu’il est décrit sous « Choix de l’instrument »).
De plus, les petites entreprises bénéficieraient des mesures qu’Affaires mondiales Canada entend mettre en œuvre pour appuyer toutes les entreprises dans leurs efforts de conformité, à savoir :
- fournir une assistance aux demandeurs qui ont besoin de conseils sur les demandes de permis et les processus via un service d’assistance téléphonique;
- mettre à jour les ressources d’information du ministère (comme le Manuel des contrôles à l’exportation);
- désigner un agent des politiques spécialisé en courtage, ainsi que de nouveaux agents de licences, dont certains seraient affectés aux demandes de licences de courtage et pourraient fournir des conseils ciblés sur les contrôles des activités de courtage;
- lancer une campagne de sensibilisation proactive pour informer l’industrie des nouveaux contrôles des activités de courtage, afin de réduire considérablement les besoins de formation au sein de l’industrie;
- délivrer des licences de courtage sans frais.
Règle du « un pour un »
Comme il est décrit ci-dessus à la rubrique « Coûts pour l’industrie », la Liste des marchandises de courtage contrôlé, le Règlement sur les licences de courtage et le Décret modifiant la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée (Traité sur le commerce des armes) proposés alourdiront le fardeau administratif des exportateurs et des courtiers de certains articles contrôlés. La règle du « un pour un » s’applique aux projets de la Liste des marchandises de courtage contrôlé et du Règlement sur les licences de courtage, car ces deux mesures introduisent de nouveaux règlements et augmentent le fardeau administratif pour les entreprises. La règle du « un pour un » s’applique au projet de Décret modifiant la Liste des marchandises et technologies d’exportation contrôlée (Traité sur le commerce des armes), car il entraînerait une augmentation du fardeau administratif dans le contexte d’un règlement existant. Cependant, puisque ces trois projets de règlement sont nécessaires pour permettre au Canada de respecter ses obligations internationales en vertu du TCA, ils seraient donc exemptés de la règle du « un pour un ».
Coopération et harmonisation en matière de réglementation
Cet ensemble de règlements proposés permettrait au Canada d’adhérer au TCA en pleine conformité et de façon démontrable. Ce faisant, le Canada se joindra aux 100 pays (à compter de décembre 2018) qui sont les États Parties du TCA. Bon nombre de ces États figurent parmi les alliés et les partenaires commerciaux les plus proches du Canada. En outre, il y a lieu de croire que d’autres États adhéreront au TCA dans les années à venir.
Évaluation environnementale stratégique
Conformément à La directive du Cabinet sur l’évaluation environnementale des projets de politiques, de plans et de programmes, une analyse préliminaire a conclu qu’une évaluation environnementale stratégique n’était pas requise. L’analyse préliminaire approuvée a déterminé qu’il était peu probable que la proposition entraîne des effets environnementaux importants et qu’aucune analyse supplémentaire n’était nécessaire.
Analyse comparative entre les sexes plus
Une évaluation indique que cet ensemble de règlements proposés n’a aucune incidence sur le plan de l’égalité entre les sexes. Toutefois, il y a des éléments pertinents liés à l’analyse comparative entre les sexes plus (ACS+) à prendre en compte dans le contexte élargi de l’adhésion du Canada au TCA. Le TCA est le premier traité international qui mentionne spécifiquement la violence fondée sur le sexe comme résultat à prévenir. Ainsi, en adhérant au traité, le Canada supportera cet objectif.
Afin de démontrer l’engagement du Canada à cet égard, les modifications législatives apportées à la Loi sur les licences d’exportation et d’importation comprenaient l’ajout de la violence fondée sur le sexe et de la violence envers les femmes et les enfants comme critère d’évaluation pour l’obtention d’une licence d’exportation et de courtage qui serait soumis à un test de risque sérieux, tout comme les autres critères du TCA (dépassant ainsi l’exigence du TCA à cet égard). Ce changement a été apporté en vertu de la Loi, qui oblige maintenant le ministre des Affaires étrangères à tenir compte de ce critère, entre autres, avant d’autoriser la délivrance de licences d’exportation et de courtage.
À la lumière de ces éléments, Affaires mondiales Canada examine la meilleure façon d’évaluer les situations de violence fondée sur le sexe et de violence faite aux femmes et aux enfants dans le cadre des demandes de licences d’exportation et de courtage.
Mise en œuvre, conformité et application, et normes de service
Mise en œuvre
L’ensemble de règlements proposé entrerait en vigueur en même temps que la Loi (la date reste à fixer par le gouverneur en conseil). Le Canada chercherait à déposer son instrument d’adhésion au TCA sans tarder après l’approbation finale de ces règlements proposés. Ensuite, il y a une période d’attente de 90 jours avant que le Canada ne puisse devenir un État Partie du Traité.
Étant donné que le contrôle des activités de courtage est un nouveau domaine pour le Canada, Affaires mondiales Canada en surveillera attentivement la mise en œuvre afin de recueillir de l’information sur la communauté du courtage et d’acquérir des connaissances de base sur ses pratiques. Si des commentaires sont formulés au sujet des coûts indus liés aux contrôles du courtage, particulièrement en ce qui concerne de nouvelles situations à faible risque, les fonctionnaires d’Affaires mondiales Canada pourraient proposer des options au ministre des Affaires étrangères. Ces options pourraient prévoir de nouvelles licences générales de courtage ou d’autres mécanismes visant à rationaliser davantage le processus d’octroi de licences.
Conformité et application
La Direction des opérations des contrôles à l’exportation d’Affaires mondiales Canada, qui est responsable de la délivrance des licences d’exportation et de courtage, comprend maintenant une unité consacrée à la conformité. Cette unité veillerait à la conformité aux règlements proposés en matière de courtage par l’entremise de ses mécanismes réguliers, comme l’examen de la documentation. Affaires mondiales Canada examine actuellement la mise en place d’autres mécanismes pour accroître la conformité, notamment des produits de communication et des activités de sensibilisation en personne. L’application des contrôles des activités de courtage relève de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), et l’application des contrôles à l’exportation relève de la GRC et de l’Agence des services frontaliers du Canada.
Normes de service
Comme les contrôles des activités de courtage représentent une nouvelle activité pour Affaires mondiales Canada, les normes de service ne sont pas encore établies. Des efforts seront déployés pour que ces normes soient aussi concises que possible, étant donné la nature des activités de courtage. En cas d’adoption de ces règlements, Affaires mondiales Canada travaillera avec l’industrie et d’autres intervenants pour déterminer les normes de service appropriées pour les contrôles.
Personne-ressource
Judy Korecky
Directrice adjointe
Direction de la politique des contrôles à l’exportation
Affaires mondiales Canada
125, promenade Sussex
Ottawa (Ontario)
K1A 0G2
Téléphone : 343‑203‑4332
Télécopieur : 613‑996‑9933
Courriel : judy.korecky@international.gc.ca
Si des membres du public communiquent avec Mme Korecky par courriel, ils sont invités à envoyer une copie de leurs commentaires à la boîte aux lettres collective à l’adresse suivante : expctrlpol@international.gc.ca.
PROJET DE RÉGLEMENTATION
Avis est donné que la gouverneure en conseil, en vertu de l’article 4.11 référence a de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation référence b, se propose de prendre la Liste des marchandises de courtage contrôlé, ci-après.
Les intéressés peuvent présenter leurs observations au sujet du projet de règlement dans les 30 jours suivant la date de publication du présent avis. Ils sont priés d’y citer la Partie I de la Gazette du Canada, ainsi que la date de publication, et d’envoyer le tout à Judy Korecky, directrice adjointe, Direction de la politique des contrôles à l’exportation, Affaires mondiales Canada, 125, promenade Sussex, Ottawa (Ontario) K1A 0G2 (tél. : 343‑203‑4332; téléc. : 613‑996‑9933; courriel : judy.korecky@international.gc.ca).
Ottawa, le 28 février 2019
Le greffier adjoint du Conseil privé
Jurica Čapkun
Liste des marchandises de courtage contrôlé
Liste
1 Pour l’application de l’article 4.11 de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation, la liste des marchandises de courtage contrôlé comprend les marchandises et les technologies suivantes :
- a) les marchandises et technologies figurant aux groupes 2 et 9 de l’annexe de la Liste des marchandises d’exportation contrôlée;
- b) les marchandises et technologies figurant aux groupes 1, 3, 4, 6 et 7 ou aux alinéas 5504(2)d), e) et g) de l’annexe de la Liste des marchandises d’exportation contrôlée, si leurs caractéristiques et tout renseignement porté à la connaissance du courtier porteraient une personne raisonnable à soupçonner qu’elles seront utilisées :
- (i) pour le développement, la production, la manutention, l’exploitation, l’entretien, l’entreposage, la détection, l’identification ou la dissémination :
- (A) d’armes chimiques ou biologiques,
- (B) de dispositifs nucléaires explosifs ou de dispersion radiologique,
- (C) de matériaux ou d’équipements qui pourraient être utilisés dans de tels dispositifs ou armes,
- (ii) pour le développement, la production, la manutention, l’exploitation, l’entretien ou l’entreposage :
- (A) de missiles ou d’autres systèmes capables de servir de vecteur pour des armes chimiques ou biologiques, ou de dispositifs nucléaires explosifs ou de dispersion radiologique,
- (B) de matériaux ou d’équipements qui pourraient être utilisés dans de tels missiles ou systèmes,
- (iii) dans toute installation servant à l’une des activités visées aux sous-alinéas (i) et (ii);
- (i) pour le développement, la production, la manutention, l’exploitation, l’entretien, l’entreposage, la détection, l’identification ou la dissémination :
- c) les marchandises et technologies figurant aux groupes 1, 3, 4, 6, et 7 ou aux alinéas 5504(2)d), e) et g) de l’annexe de la Liste des marchandises d’exportation contrôlée, si le ministre conclut, sur la base de leurs caractéristiques et de tout autre renseignement relatif, notamment, à leur utilisation finale et à l’identité ou à la conduite du destinataire intermédiaire ou du destinataire final, qu’il est probable qu’elles seront utilisées pour une activité ou dans une installation visées à l’alinéa b).
Entrée en vigueur
2 La présente liste entre en vigueur à la date fixée pour l’entrée en vigueur de l’article 5 de la Loi modifiant la Loi sur les licences d’exportation et d’importation et le Code criminel (modifications permettant l’adhésion au Traité sur le commerce des armes et autres modifications), chapitre 26 des Lois du Canada (2018), ou, si elle est postérieure, à la date de son enregistrement.